Le Parlement européen s'offre une chaine de télévision

Après deux sessions de débat et un vote serré, les députés ont donné leur accord à la création d’une webTV diffusant des directs, des reportages et des débats. Jusqu’à présent, Ebs (Europe by satellite), un service commun aux différentes institutions, ne diffusait les sessions plénières qu'en différé.
Pour atténuer les oppositions au projet, un prototype de la web-tv a été présenté le 6 novembre 2007 au président du Parlement Hans-Gert Pöttering, puis diffusé en interne. Des personnalités extérieures ont également été sélectionnées pour juger le projet. Le Parlement européen a ensuite estimé que les retours étaient positifs.
Principal reproche formulé à l’encontre de la web-tv: son coût. Le Parlement européen a mobilisé 9 millions d’euros cette année: 7 millions pour la programmation et 2 millions pour financer la mise en place du système informatique et la campagne de diffusion. Un coût « à mettre en rapport avec les 500 millions de citoyens » justifie le porte-parole du Parlement européen, Jaume Duch-Guillot.
Tour de Babel
Mais c'est surtout la traduction qui fait exploser le budget. La moitié des financements accordés à la chaîne y est consacré. La chaîne du Parlement européen est en effet une exception technique avec une traduction en 22 langues et 44 traducteurs employés à plein temps. A titre de comparaison, Euronews diffuse en huit langues.
Internet pour toucher les jeunes
«La diffusion sur Internet permet un meilleur rapport coût/efficacité», observe la députée européenne, Marie-Hélène Descamps (PPE-DE). Ce choix correspond aussi à la cible de cette nouvelle télévision, le Parlement visant en particulier les jeunes et les pays tiers.
Inconvénient de taille, le public de la chaîne ne pourra être qu'un public averti, venu en connaissance de cause. Difficile de la découvrir au hasard d'un changement de programme, contrairement à la chaîne parlementaire française (LCP), souligne Gérard Voisin, membre de la délégation UE à l’Assemblée nationale. Selon lui, la campagne de communication aura un rôle important à jouer pour intéresser les internautes.
Mais «on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif», déplore Marie-Hélène Descamps en évoquant la difficulté de sensibiliser les citoyens aux questions européennes.
Positions :
Selon le député français Gérard Voisin (UMP-Saône-et-Loire), «tout est bon pour faire fructifier les rapports entre l’Europe et les citoyens». Il note que LCP « a un succès fou en ce moment» et peut servir de modèle.
Marc Maisonneuve, coordinateur de la rédaction de LCP précise que sa chaîne est complémentaire et non concurrente d’EuroparlTV et ne voit pas la diffusion Internet comme un inconvénient, «c’est un choix que d’autres ont fait».
«On nous reproche le manque de communication, cette chaîne moderne et créative sera à même de familiariser les citoyens avec nos travaux parlementaires. C’est aussi une volonté de se mettre au goût de l’époque», estime quant à elle Marie-Hélène Descamps.
Une chaîne du même type pourrait-elle être consacrée à la Commission, que les citoyens voient souvent comme un mystère ? Joseph Hennon, porte-parole de la commissaire Margot Wallstrom indique qu'un tel projet n’est pas d’actualité: «La Commission garde toujours le souhait de se rapprocher des citoyens mais elle le fait pour l’instant par le biais des médias en développant les ressources audiovisuelles mises à leur disposition.»

100 heures de programme par an
Le 17 septembre, à dix heures, le président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, lance EuroparlTV. Une trentaine d’heures de programmes sera disponible pour l’inauguration, sur la centaine prévue chaque année. Les émissions ne durent pas plus de 7 minutes, sauf pour les débats qui pourront aller jusqu’à vingt minutes. Les programmes sont répartis dans quatre canaux différents. Le premier est consacré au direct, le second s’adresse à un public scolaire, le troisième est dit «grand public» et se veut «interactif», le dernier, enfin, a été pensé pour «ceux qui portent un intérêt particulier à la politique au niveau communautaire».
Le porte-parole du Parlement européen, Jaume Duch-Guillot, note toutefois que les internautes pourront «tomber sur n’importe quel programme». Les internautes pourront poser des questions par mail ou vidéo. Le Parlement consacrera également des reportages tournés par des associations ou des écoles et des sujets réalisés par des membres de l’association européenne des chaînes régionales (CIRCOM).

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Documents officiels
Parlement européen: l'adresse d'EuroparlTV
Bundestag.de: Canaux parlementaires - un nouveau mode d'information
Revue de presse
AFP: Le Parlement européen lance sa propre chaîne de télévision sur Internet
Eurv.tv:European Parliament still long way from approving 40-mln euro webTV project
Le journal du CNRS: Comment rapprocher l'Europe des citoyens ?