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vendredi 28 janvier 2011

Les médias tunisiens apprécient leur nouvelle liberté

Sous l'ancien régime, les journalistes tunisiens qui s'aventuraient en terrain interdit risquaient censure et arrestation, et les moins audacieux choisissaient de se conformer à des règles strictes. Désormais, avec le départ de l'ancien Président Zine El Abidine Ben Ali, certains ont des difficultés à gérer cette liberté, tandis que d'autres ont du mal à renoncer aux contrôles.

"Depuis la fuite de l'ancien Président, j'ai remarqué un virage à 180 degrés dans le discours des médias. Chacun a suivi son propre agenda. Il n'y a eu personne pour contrôler ce qui était propagé et aucune direction bien définie", a expliqué Rajaa Al-Shayeb.

Mais certains journalistes sont sceptiques, faisant part de leur malaise face à l'attitude des organismes de presse.

"Bien que les médias tunisiens se soient libérés de leurs chaînes et que le discours public soit plus proche des préoccupations quotidiennes des citoyens, des inquiétudes subsistent. Les conditions pourraient devenir pires que ce qu'elles étaient avant, si les icônes de l'ancien parti au pouvoir reprenaient le pouvoir", a expliqué Houda Ben Belkassem.

Comme l'explique Mourad al-Mazni, "je pense que les médias tunisiens ont l'occasion de prouver qu'ils sont libres et de regagner la confiance des gens, notamment dans la mesure où nombre de sujets autrefois tabous sont désormais traités de manière candice."

Maha Al-Khamousi ajoute : "Franchement, les médias tunisiens sont plus proches des préoccupations des citoyens. Cela est manifeste. Nous ne voyons plus d'actes d'aliénation. Tous les groupes intellectuels peuvent désormais s'exprimer librement dans les médias."

"Après les difficiles années que les médias tunisiens ont enduré, ils ont fini par obtenir cette liberté longtemps souhaitée. Mais l'ensemble des organismes de médias doivent rester prudents quant à cette liberté. Sans les garanties nécessaires, le risque existe qu'elle disparaisse", explique pour sa part Neji Bghouri, le secrétaire général du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).

Il ajoute que remplacer l'ancien Code de la presse par une nouveau est une exigence certaines à ce stade. Il explique également que l'Agence de communication externe doit être fermée, ajoutant que l'ancien régime récompensait ceux qui suivaient ses ordres et punissaient les désobéissants.

"Nous estimons que la fermeture du ministère de l'Information ne résoudra pas les problèmes", a expliqué Walid Ahmed Ferchichi, journaliste à Haqaiq.

"Nous devons reformuler le Code de la presse, revoir le réglement de la profession, accorder au SNJT les pleins pouvoirs en tant qu'institution indépendante pour qu'il puisse mener à bien sa mission, à savoir défendre les droits des journalistes tunisiens. Seul le SNJT a le doit d'émettre des cartes de journalistes. Lui seul peut définir la profession de journaliste, loin de toute confusion, notamment après les nombreuses violations dont nous avons entendu parler ces dernières années, comme l'octroi de ces cartes aux secrétaires généraux des partis politiques ou à de nombreux outsiders", ajoute-t-il.

Ferchichi parle également de la question des accréditations et de la protection légale des journalistes en ligne.

"Nous pouvons affirmer avec confiance que cette nouvelle ère les soutiendra. Il n'est pas exagéré de dire que libérer les médias et restaurer la confiance du public dans les médias est la seule véritable soupape de sécurité contre les évènements politiques, sociaux ou économiques", a-t-il conclu.

"Les médias tunisiens se sont retrouvés dans un état de chaos durant les premiers jours du soulèvement. Mais le gouvernement provisoire a réussi à garder le contrôle de cette nouvelle liberté et même à l'utiliser pour son propre bien. La chaîne de télévision nationale a seulement renoncé au chiffre 7, mais a continué à atténuer les informations", expliqué Mahib Al-Mohamadi.

Fatine Hafsia, de Nationale TV, explique que Tunis 7 a tenté de changer sa couverture juste avant la chute du régime, "mais il était trop tard. Le 14 janvier a été une journée exceptionnelle pour les médias, par rapport au 13 janvier, par exemple", affirme-t-elle.

"Mais les responsables des journaux continuent de brider les médias. Inconsciemment et sous l'impact du choc politique, ils ont maintenu leur ton conservateur et pro-régime", déclare Hafsia.

"Alors que de nombreux collègues de la profession remarquaient le caractère très superficiel de la couverture médiatique, nous avons décidé de les placer devant leur responsabilité historique. Nous avons refusé toute censure sur les rapports que nous produisions. Cela a été le cas du rapport que j'ai produit sur les manifestations dans les rues de Tunisie et sur la présence de l'ancien parti de gouvernement, le Rassemblement démocratique constitutionnel, dans l'actuel gouvernement", précise-t-elle.

Elle ajoute que sa chaîne a créé des émissions-débats, diffusé des débats politiques et donné la parole aux citoyens pour la première fois.

sourse : Maghrebia

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