Le match Al Masriya-Al Jazeera n’aura pas eu lieu. La télévision publique égyptienne est KO depuis le premier jour. Al Masriya refuse le combat pour se lancer dans une fuite en arrière, propre aux chaînes de télévisions des régimes autoritaires arabes. Information contre propagande.
Presque les mêmes images : des heurts entre pro et anti-Moubarak sur la place Tahrir, le lieu de rassemblement depuis une semaine des manifestants demandant le départ du président égyptien. Les assaillants sont aussi à cheval et à dos de chameaux.
L’armée reste neutre et laisse faire. La lecture des évènements est radicalement différente entre Al Masriya et Al Jazeera. La télévision d’Etat affirme que les contre-manifestants revendiquent le rétablissement de la paix et le maintien du président Moubarak au pouvoir et font savoir leurs desideratas pacifiquement.
A l’image, on distingue des hommes à chameau traversant la foule et donnant des coups de bâton. Pour la chaîne qatarie, les contre-manifestants portent un autre nom : les assaillants. Le choix des mots crée une première facture.
Guerre des images donc, mais pas seulement. Al Masriya opte pour u écran divisé en quatre. Sur trois fenêtres (Place des Ingénieurs, Corniche et Assiout), images en couleur des manifestations pro-Moubarak. La 4e fenêtre, à gauche, place Tahrir en noir et blanc, floue.
Voix off du présentateur : « S’il vous plaît, ne regardez pas les chaînes étrangères. Elles vous mentent, elles vous cachent la vérité et sont soumises à des intérêts extérieurs, contraire à ceux de l’Egypte. S’il vous plaît, regardez les chaînes égyptiennes, regardez-nous ! » Et de donner la parole à des journalistes qui réaffirment solennellement leur soutien à Hosni Moubarak.
Al Jazeera, images d’emeutes, on voit deux groupes importants se battant à coups de pierres et de bâton. On ne comprend pas ce qui se passe. Poursuite, contre poursuite. Des hommes sont à terres. Al Jazeera montre un manifestant brandissant des cartes professionnelles et un badge. Voix off du commentateur : « voilà là preuve que des policiers en civil ont participé à l’assaut. Plusieurs policiers ont été arrêtés par les manifestants et remis à l’armée, leurs cartes professionnelles ont été saisies ».
Zoom arrière, on ne distingue pas les assaillants des assiégés. « On entend des tirs d’armes à feu , que fait l’armée pour intervenir ?», s’alarme le journaliste. Zoom avant violent, des gens en train de se battre à mains nues. Le journaliste ose une métaphore sportive sur les deux groupes de manifestants. Un flash : Al Baradeï accuse Moubarak de cette violence et exige son départ. L’Union européenne demande à Moubarak de passer le pouvoir rapidement.
Retour sur Al Masriya. Des intervenants pro-Moubarak se relaient au téléphone. Mohamed Sobhi, présenté comme grand artiste, « il n’y a de tirs place Tahrir, Al Jazeera ment. Laissez Moubarak travailler, j’appelle les manifestants à raison garder ! ».
Nouveau Flash sur Al Jazeera : le gouvernement égyptien refuse, contrairement aux conseils de l’Union européenne et des Etats-Unis, d’aller à « la transition maintenant ». Un militaire sur la terrasse d’un immeuble assiste à une bataille rangée entre les manifestants. Le journaliste d’Al Jazeera continue de parler comme un commentateur sportif.
source : El Watan
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