Après avoir remis le code de la presse et de l’édition au Parlement, Mustapha El Khalfi prépare un autre texte tout aussi important. Le ministre de la Communication a donné un avant-goût du projet de loi relatif à la communication audiovisuelle à la Chambre des représentants, mardi dernier.
http://www.leconomiste.com/article/982404-la-loi-sur-l-audiovisuel-revue-et-corrigee
Le texte, qui sera présenté en Conseil de gouvernement dans les semaines à venir, vise “la mise à niveau de la réglementation et son adaptation aux évolutions technologiques”. Le département d’El Khalfi a examiné les changements des habitudes de consommation des téléspectateurs qui se digitalisent de plus en plus (voir encadré). «Lors de l’adoption de l’actuel texte en 2005, Internet ne touchait que 2 millions de Marocains, alors qu'aujourd’hui, ils sont près de 11 millions d’abonnés», explique le ministre.
C’est donc à cette transformation technologique qu’il faudra s’adapter. Surtout qu’il devient de plus en plus difficile de mesurer l’audience des programmes, étant donné qu’une bonne partie de la population regarde la télévision sur Internet. Ce qui impacte fortement les recettes publicitaires. Dans d’autres pays, ce sont les opérateurs des télécommunications qui vont passer désormais à la caisse, étant les principaux bénéficiaires de ces visionnages. Au Maroc, l’idée est présente.
Le secteur est également marqué de plus en plus par une concurrence. L’ouverture des satellites fait que les Marocains sont ciblés par des chaînes basées à l’étranger. «Les Marocains sont ciblés par une centaine de chaînes d’information et une quarantaine de chaînes religieuses», estime le ministre. L’idée est donc de donner des moyens, mais également des obligations aux chaînes pour faire face à cette offensive.
C’est ainsi que le concept de service public sera consacré dans le projet de loi. Il consiste globalement dans des principes déjà présents dans les cahiers des charges du pôle public signés en 2012, à savoir l’information, l’éducation, le divertissement, etc. «Il s’agit d’une notion totalement absente dans la loi en vigueur», rappelle Abdelwahab Rami, professeur à l’Institut supérieur de l’information et de la communication. Pour lui, la loi 77-03 n’est pas un texte structurant dont le préambule comporte des principes généraux vagues et ne parle pas de la notion de service public du secteur. «Si les cahiers des charges de 2012 ont comblé ce déficit, ils restent insuffisants pour donner au service public sa véritable signification», rappelle-t-il.
Partant de la base que la communication suppose l’existence d’un échange entre deux ou plusieurs parties, Abdelali Tarkit, président de la Société marocaine des droits des téléspectateurs, estime que l’actuel texte de loi occulte les droits du téléspectateur. «Celui-ci ne doit pas être considéré comme simple consommateur, mais plutôt comme un acteur, dont les réactions doivent être prises en considération», explique-t-il.
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