La CAN 2025 au Maroc : Entre exclusivité commerciale et astuces satellitaires pour le téléspectateur nord-africain

 


La prochaine Coupe d'Afrique des Nations, qui se tiendra sur le territoire marocain de décembre 2025 à janvier 2026, s'annonce comme un tournant majeur dans l'histoire de la compétition, tant par la qualité des infrastructures que par l'engouement populaire attendu. Cependant, pour le téléspectateur passionné, cet événement soulève une problématique récurrente et complexe : celle de l'accessibilité aux retransmissions en direct. Le paysage audiovisuel du football moderne est désormais fragmenté entre des offres payantes premium, qui garantissent une couverture exhaustive, et des solutions gratuites, souvent nécessitant une certaine ingéniosité technique. Pour les amateurs de football résidant en Afrique du Nord, comprendre la géopolitique des droits télévisés et maîtriser l'art de la réception satellitaire devient indispensable pour ne rien manquer du spectacle continental sans pour autant compromettre son budget.

Le modèle dominant en Europe et dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) repose sur l'acquisition de droits exclusifs par des géants de la diffusion payante, ce qui restreint considérablement l'accès au grand public. En France, au Maghreb et au Moyen-Orient, le groupe beIN SPORTS a verrouillé l'intégralité de la compétition, imposant un abonnement pour suivre les rencontres via satellite. Cette logique de marché se retrouve à travers l'Europe, où chaque territoire possède son propre "gardien" du signal : SportDigital en Allemagne et en Suisse alémanique, Movistar Plus+ en Espagne, Sport TV au Portugal, ou encore Megogo en Pologne. Même le Royaume-Uni, qui fait figure d'exception avec une diffusion partiellement gratuite sur Channel 4, confie une grande partie de sa couverture au payant via Sky Sports. Pour le résident algérien, marocain ou tunisien, ces signaux européens, bien que techniquement captables via des satellites tels qu’Astra ou Hotbird, restent chiffrés et inaccessibles légalement sans abonnement local, renforçant le sentiment d'une compétition confisquée par les impératifs financiers.

Heureusement, la souveraineté nationale offre une première brèche dans ce mur payant grâce à la télévision numérique terrestre (TNT). Les régulations de la Confédération africaine de football (CAF) et les législations nationales permettent aux diffuseurs publics de proposer les matchs de leur propre équipe nationale en clair sur le réseau hertzien. Ainsi, l'EPTV en Algérie, la SNRT au Maroc et la Télévision Tunisienne assureront la diffusion gratuite des matchs de leurs sélections respectives, ainsi que de la finale et du match d'ouverture. C'est une garantie minimale de service public. Toutefois, pour les zones géographiques mal couvertes par les émetteurs terrestres ("zones blanches"), ces chaînes sont relayées par satellite (comme Alcomsat-1 pour l'Algérie ou Eutelsat 21B pour le Maroc), mais sous un cryptage technique, souvent le BISS, pour éviter que le signal ne soit piraté à l'international, ce qui oblige le téléspectateur à s'équiper de démodulateurs compatibles pour entrer les codes de décryptage appropriés.

Au-delà des frontières nationales, la position géographique privilégiée du Maghreb offre aux téléspectateurs une opportunité unique d'exploiter les débordements de signaux satellitaires destinés à d'autres marchés, transformant leur installation parabolique en une fenêtre ouverte sur le monde. La zone orbitale comprise entre 7° Est et 9° Est (satellites Eutelsat) constitue une véritable mine d'or pour la réception en clair. On y retrouve des chaînes d'Afrique de l'Ouest comme l'ORTM (Mali) ou la RTS (Sénégal) qui, bien que diffusant pour leur public national, arrosent largement le nord du continent avec un signal non chiffré. De même, en orientant sa parabole vers l'Est, à la position 42° Est du satellite Türksat, le téléspectateur peut capter des chaînes turques comme TV8,5 ou TRT Spor. Ces diffuseurs, profitant de l'intérêt croissant de la Turquie pour l'Afrique, proposent souvent une couverture généreuse et gratuite de la compétition, offrant une alternative de choix avec une qualité d'image souvent supérieure aux standards locaux, bien que les commentaires soient en langue étrangère.

Enfin, pour les puristes et les techniciens avertis, il existe des solutions encore plus pointues, comme la réception de la chaîne italienne Sportitalia sur le satellite Hotbird à 13° Est, qui offre une stabilité du signal remarquable en Afrique du Nord. Par ailleurs, la technique de la chasse aux "Feeds" sur les satellites Eutelsat 7° Est ou 10° Est permet de capter les flux bruts envoyés depuis les stades vers les régies internationales. Ces signaux, dépourvus de logo et de commentaires, offrent une immersion totale dans l'ambiance du stade, mais requièrent un équipement capable d'effectuer des recherches aveugles (Blind Scan) et une réactivité importante pour identifier les fréquences qui varient à chaque match. En somme, si l'accès officiel et confortable a un prix, la diversité des satellites visibles depuis l'Afrique du Nord permet, avec un peu de savoir-faire, de contourner les barrières financières et de vivre la passion du football africain dans toute sa plénitude.


Références

  • Confédération Africaine de Football. (2024). Broadcasting Rights and Media Regulations for AFCON 2025. Cairo: CAF Media Department.

  • Eutelsat Communications. (2024). Satellite Footprints and Technical Specifications for MENA Region. Paris: Eutelsat Group.

  • KingOfSat. (2025). Global Satellite Frequency Database and Transponder Updates. Retrieved from kingofsat.net.

  • LyngSat. (2025). Free-To-Air Television Channels in Africa and Europe. Retrieved from lyngsat.com.

  • SportBusiness. (2024). Media Rights Analysis: The Economics of African Football Broadcasting. London: SportBusiness Group.

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