Bilan 2010 : une année télé-radio terne éclairée par le succès de la TNT

L'année 2010 a été marquée par le passage à la TNT.
Les téléspectateurs français ont dû composer en 2010 avec une télévision terne et une programmation qui n'a en rien bousculé l'ordre établi. L'émiettement des audiences et des concepts parvenus à bout de souffle ont rongé les grandes chaînes, plus que jamais inquiétées par le succès fulgurant de la Télévision Numérique Terrestre (TNT), son déploiement et ses records d'audience.


Une année qui a souri à la TNT
Les nouvelles entrantes du paysage audiovisuel français n'en finissent pas de séduire les téléspectateurs. Les 18 chaînes gratuites, qui ont fêté cette année leur cinquième anniversaire, parviennent une nouvelle fois à détourner le public des diffuseurs dits historiques, aidées par le basculement progressif de la France au tout numérique.

En février dernier, l'Alsace est devenue la première région française à éteindre définitivement son signal analogique. Depuis, dix régions ont adopté la diffusion numérique, la Basse-Normandie, les Pays-de-la-Loire, la Bretagne, la Lorraine, la Champagne-Ardenne, le Poitou-Charentes, le Centre, la Franche-Comté, le Nord-Pas-de-Calais et la Bourgogne. Conséquence de cette première année de basculement, en octobre dernier plus de la moitié des foyers français (55,6%) recevaient la télévision uniquement par voie numérique (TNT, satellite, ADSL ou câble) et 85,8% des foyers possédaient au moins un poste équipé.

Plus présente que jamais dans les familles françaises, la Télévision Numérique Terrestre bénéficie d'audiences sans précédent. En novembre dernier, les 18 chaînes ont attiré en moyenne 20,9% du public contre 16,5% en novembre 2009. Au cours de la semaine de Noël, 21,8% des téléspectateurs se sont tournés vers la TNT, un niveau alors jamais atteint. Certaines de ses chaînes, dont les leaders TMC et W9, font désormais jeu égal avec Arte, France 5 ou Canal+ et participent activement à l'émiettement des audiences de TF1, France 2, France 3 et M6. TF1 et France 3 ont plus particulièrement défailli devant le succès de la TNT. La Une affiche une part d'audience annuelle de 24,5% en 2010 contre 26,1% en 2009. France 3 est descendue cette année à 10,7% de pda, soit 1,1 point de perdu en un an.

Une avancée dans les audiences qui a permis à la TNT d'établir en 2010 de nouveaux records. En janvier dernier, TMC enregistre la meilleure performance historique avec 1,7 million de téléspectateurs pour le film La ligne verte. Le record a depuis été battu par France 4, en octobre, avec le match de football opposant Saint-Etienne à Bordeaux, suivi par 1.827.000 personnes. Le meilleur score est désormais en la possession de W9 qui est parvenu à réunir le 23 décembre dernier 1.963.000 téléspectateurs devant l'épisode II de Star Wars, La revanche des Sith.

Football et cinéma : les tops de 2010
Football et cinéma sont également les genres qui ont permis aux chaînes historiques de réaliser en 2010 leurs meilleures audiences. Année de Coupe du monde oblige, le ballon rond occupe le haut du classement avec 15,2 millions de téléspectateurs pour la rencontre entre la France et le Mexique retransmise le 17 juin dernier sur TF1 et 14,9 millions pour Uruguay-France, diffusée six jours plus tôt sur la même chaîne.

TF1 compte également parmi ses meilleures performances de l'année la première diffusion en clair de la comédie Bienvenue chez les Ch'tis (14,4 millions de téléspectateurs), le concert des Enfoirés (11,5 millions), le film Astérix aux Jeux Olympiques (dix millions) ou Mentalist dont certains épisodes ont passé le cap des dix millions de téléspectateurs. Découvert sur TF1 début 2010, le drama policier est devenu en deux saisons la série la plus regardée de France, devant Les Experts ou Dr House.

France 2 s'est distinguée avec la dernière édition de son Rendez-vous en terre inconnue qui a enregistré son record historique et la meilleure performance de la chaîne en 2010 (hors sport). Huit millions de téléspectateurs ont suivi la rencontre entre Virginie Efira et les Staatans de Mongolie. Sur M6, les nouvelles saisons de L'amour est dans le pré et La France a un incroyable talent ont rassemblé plus de quatre millions de personnes tandis que Canal+ a une nouvelle fois pu compter sur ses créations originales. Lancée en octobre dernier, sa nouvelle série Maison close a réalisé le meilleur lancement d'une fiction française avec 1,7 million d'abonnés.

Les déconvenues de 2010
L'année a également eu droit à son lot de déconvenues, particulièrement du côté des nouveautés.

TF1 s'est cassé les dents sur le retour de la télé-réalité La ferme célébrités, genre pourtant très populaire habituellement. Après un bon démarrage en prime time, l'émission présentée par Benjamin Castaldi et Jean-Pierre Foucault a finalement été reléguée en deuxième partie de soirée. Au creux de la vague depuis la suppression de La méthode Cauet, Sébastien Cauet n'arrive pas à sortir la tête de l'eau. Après les échecs successifs de Cauet retourne la télé ou La Cauetidienne, l'animateur de NRJ s'est heurté à sa case fétiche du jeudi soir avec son nouveau talk-show Ca va s'Cauet, annulé à l'issue d'une dizaine de numéros. Le présentateur se trouve également privé de son jeu Tournez manège que TF1 a annulé en fin d'année.

Marquée par l'affaire Jean-Luc Delarue, suspendu d'antenne pour être lié à une histoire de drogue, France 2 a rencontré la plus grande difficulté pour imposer ses nouveaux rendez-vous. Faute d'audience, le magazine de deuxième partie de soirée de Laurie Cholewa Dans l'univers de... s'est arrêté en fin d'année tandis que Le bureau des plaintes de Jean-Luc Lemoine aura droit à un sursis en 2011.

L'humour et l'actualité ne font pas toujours bon ménage à la télévision comme l'a appris cette année Bruce Toussaint avec son nouveau concept Tout le monde il est beau. Malgré la présence de chroniqueurs comme Philippe Manoeuvre ou Pierre Menès, le magazine n'attire que 300.000 téléspectateurs le dimanche midi. Ils sont trois fois moins à suivre le samedi le nouveau magazine Un autre midi, deuxième échec de Victor Robert après la suppression de Pop Com en juin dernier.

Annoncé comme l'un des évènements de la rentrée de M6, L'espoir de l'année, émission sur la découverte des métiers de l'artisanat présentée par Karine Le Marchand, a plombé les audiences de la chaîne. Prévue pour cinq prime time, l'émission a été raccourcie à quatre soirées qui n'ont jamais séduit plus de 8% des téléspectateurs.

Parmi la vague de programmes annulés cette année figurent également le jeu de TF1 Attention à la marche ou le télé-crochet de M6, Nouvelle Star, tous deux arrivés à bout de souffle. Suite à des restrictions budgétaires sur le service public, Frédéric Lopez a préféré mettre fin à son magazine Panique dans l'oreillette.

La TV en panne d'inspiration et d'originalité
Le petit écran français a souffert en 2010 d'un manque de renouvellement. Si de nouveaux rendez-vous ont agrémenté les grilles des chaînes, le PAF n'est pas parvenu à dénicher des concepts forts et rassembleurs ou de nouveaux visages.

En 2010, les chaînes ont poursuivi une programmation similaire à 2009, renouvelant leur confiance à des émissions bien installées telles que la télé-réalité ou les séries. A l'exception des concours culinaires dont le concept fait toujours recette (Top Chef et Un dîner presque parfait sur M6 ou Masterchef sur TF1), peu de nouvelles tendances télévisuelles ont émergé cette saison. Au contraire, les chaînes ont continué à dépoussiérer d'anciens concepts pour les remettre au goût du jour. Après Sacrée soirée l'année dernière sur TF1, Michel Drucker a ressorti cet automne son costume de Champs-Elysées pour France 2.

Du côté des animateurs, le menu ne change guère non plus. Chacun est resté attaché à sa chaîne avec pour conséquence un mercato inexistant et une rentrée avec très peu de surprises. Les diffuseurs ont une nouvelle fois eu tendance à n'utiliser qu'une poignée de présentateurs, Nikos Aliagas, Sandrine Quétier, Christophe Dechavanne, Benjamin Castaldi ou Jean-Pierre Foucault pour TF1, Nagui, Laurent Ruquier, Michel Drucker ou Guillaume Durand pour France 2, Stéphane Plaza, Karine Le Marchand, Alex Goude, Sandrine Corman ou Jérôme Anthony pour M6. Ces visages connus du petit écran se partagent la grande majorité des rendez-vous et laissent peu de place à de nouveaux arrivants.

Une attitude qui pourrait à la longue lasser les téléspectateurs français et expliquer leur envie de se tourner vers la TNT, plus à même d'apporter de la fraîcheur.

Une année agitée en radio
A l'inverse de la télévision, la radio a connu une année agitée marquée par de nombreux échanges de voix entre les principales radios.

L'affaire des humoristes Stéphane Guillon et Didier Porte, mis à la porte avec fracas en juin dernier, n'a pas arrangé la rentrée de France Inter. La station de Philippe Val a également subi le départ inattendu de Nicolas Demorand pour Europe 1 et celui d'Yves Calvi pour RTL. En échange, France Inter a récupéré Patrick Cohen et Audrey Pulvar, suspendue pour le moment, pour sa matinale. Des mouvements que les auditeurs n'ont pas suivis. Alors deuxième radio la plus écoutée de France, France Inter a échoué à la rentrée sur la troisième marche du podium, doublée par NRJ.

Avec Nicolas Demorand dans ses rangs, Europe 1 a poursuivi sa politique de recrutement des poids lourds de la télévision. En ascension constante depuis l'arrivée d'Alexandre Bompard, la station a confirmé ses audiences en 2010 en réalisant sa meilleure rentrée historique et en raflant en août dernier à France Inter le statut de radio la plus podcastée de France.

Enrichie par l'arrivée d'Yves Calvi, de Jacques Pradel et de Flavie Flament, RTL enregistre ses meilleures performances depuis 2002. La radio de la rue Bayard a dominé les audiences de 2010 avec une moyenne de 6,25 millions d'auditeurs quotidiens entre janvier et octobre derniers. RTL devance France Inter et ses 5,18 millions de fidèles, talonnée par NRJ (5,10 millions). Europe 1 se place au pied du podium avec 4,78 millions d'auditeurs.

L'essor de la catch-up TV
Le secteur de la télévision de rattrapage, la catch-up TV, s'est réellement implanté dans l'esprit des Français, aidé par des chaînes toujours plus en adéquation avec cette nouvelle façon de consommer les programmes. Après TF1.fr, M6 Replay ou Canal+ à la demande, le groupe France Télévisions invite depuis juillet dernier les téléspectateurs à suivre ses émissions depuis son site Pluzz.fr.

Les autres diffuseurs n'ont pas chômé au cours de cette année, proposant un choix élargi de leurs programmes en catch-up. Sur son site dédié, M6 propose ainsi 91% de ses émissions diffusés en prime time contre 88% en début d'année, plus de huit programmes sur dix de France Télévisions sont visionnables jusqu'à sept jours avec leur diffusion (à peine 60% l'étaient début 2010). TF1 réalise une vraie prouesse en laissant à la disposition des internautes 83% de ses émissions du soir contre 56% au démarrage de l'année. Arte reste à la traîne avec seulement 43% de ses programmes disponibles en catch-up.

Le renforcement de l'offre générale a permis aux téléspectateurs d'adopter définitivement ce service, désormais devenu un réflexe. En novembre dernier, 55% d'entre eux avouent avoir recours à la télévision de rattrapage et 45% l'utilisent même régulièrement.
Source: Relaxnews

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